COMMENT PEUT-ON CHANTER EN FRANCAIS ?

NUANCE

Texte répondant à la fréquente question : comment peut-on chanter encore en français ?

Je chante en français, c’est ma langue maternelle. Elle me nourrit d’un lait que je nomme nuance.

Sans deux gouttes de nuance mon oreille est de sable, ma langue est de bois, mon esprit est de plomb. Sans deux gouttes de nuance se plantent les bornes de la certitude, se vissent les verrous de la crédulité et claquent des portes d’ignorance.

 Avec un doigt de nuance l’étrange m’approche, l’inconnu me touche, l’inouï m’inonde. Avec un doigt de nuance pointent les signes de la pensée, émergent les gages du doute et percent des fenêtres de connaissance.

Je parle, je converse, je lis, j’écris, je chante en français car je garde et garderai envers cette langue une double reconnaissance. La première est de m’éveiller et de me réveiller chaque jour contemporain à la fois de Jean de La Fontaine et de Michel Tournier, de Marie Vieux-Chauvet et de Jacques Abeille, de Jean Giono et de Marguerite Yourcenar.

La seconde reconnaissance est de naître et de renaître là où ses mots s’enracinent et fructifient, du bord du Lignon à la Baie des Tortues, de la Place de la Riponne aux Plaines d’Abraham, de Bruxelles à Brazzaville…

Oui, je chante en français.

Cista