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23 février 2020

NOUVEL HOMMAGE A GRAEME ALLWRIGHT

 Numériser 1 

"En attendant la secousse finale"

Depuis dimanche dernier (le 16/02/2020), depuis le départ de Graeme Allwright, les messages se multiplient. Les uns recopient ce que notent les autres. Quelques clichés au milieu d'articles bien ficelés et de témoignages sincères. J'ajoute ici, à ma manière, mon petit caillou blanc au cairn des hommages. Une chanson composée, écrite et enregistrée ces jours-ci à la maison, en solitaire.  

MISTER ALLWRIGHT

En ce temps-là surgit la voix d'un trimardeur,

Sans grand cri, sans rumeur.

Monta son chant au soleil

Sans pareil,

Vive clarté 

Enchantée d’humanité.

Sur les tréteaux, comme un ruisseau,

Jaillit l’écho d’un nouveau passeur de mots.

 

Ici ou là file sa voix de voyageur

Par-dessus les clameurs.

Souffle son chant en sommeil

Tout pareil,

Douce clarté

Enfantée d’humilité.

Loin des tréteaux avec l’oiseau

Volent ses mots aussi haut que veut l’écho.

 

It’s all right, Mister Allwright.

 DC / 20.02.2020

Numériser 1

En 1968, salle des Mutilés du travail (Saint-Etienne), j'assiste au concert de Graeme Allwright avec un définitif émerveillement. Son visage, le timbre de sa voix, sa prononciation singulière qui renouvelle la langue, les mélodies et l'heureuse entente des instruments (Francis Dunglas à la contrebasse  - maître du skiffle), tout, tout me saisit, me bouscule, me bouleverse. Je me souviens aussi de Don Burke, l'écossais chauve et barbu des Troubadours (Le vent et la jeunesse) qui, après sa prestation en première partie, s'ajoute aux musiciens de Graeme Allwright.

J'écouterai sans cesse le disque enregistré avec l'estampille de Mouloudji. Ah, Le Trimardeur, adaptation de Hard Travelin' de Woody Guthrie. Ah, La femme du mineur ! Et le reste... Viendront les deux 33trs Mercury, avec les photos de l'artiste à l'autoharpe. A la direction musicale, Christian Chevallier, l'époux de Franca, la chanteuse des Troubadours. Le premier disque contenait Qui a tué Davy Moore ?, transposition réussie d'une chanson de Bob Dylan Who killed Davey Moore ?. Le second révèle  Le jour de clarté, adaptation de Very last day des Peter, Paul & Mary. Il commence avec Jusqu'à la ceinture, première chanson que je chanterai en public. 

Jérémie Bossone en 2016 me confie qu'il a patiemment décortiqué les douze morceaux de ce disque afin de retrouver exactement chaque partie jouée à la guitare. Graeme Allwright demeure plus qu'une référence. Ses chansons constituent un répertoire à part, un seuil, une porte vers autre chose, vers un ailleurs, vers ce qui est derrière l'horizon de nos habitudes. Numériser 2

Au verso de ce même disque (le plus emblématique, sans doute), un fac-similé manuscrit. Attention à la fin du message : ... nous préférons souvent dormir ou nous activer en attendant la secousse finale. Le sommeil ou l'activité (l'agitation), voilà pourquoi nous ne pouvons pas rester éveillés ? Déclaration d'un homme d'une quarantaine d'années, découvrant à la fois le bonheur de chanter sur scène et la peur de la célébrité. Pourquoi chanter ? Pour rester éveillé. Pourquoi vient-on écouter une personne qui chante ? Parce qu'elle nous offre l'occasion de rester éveillés. Mouloudji, Guthrie, Dylan, etc., des éveilleurs, des réveilleurs ! 

Numériser 2

Puis de concerts en voyages, de studios en amitiés, de La Réunion à Madagascar, de Léonard Cohen à Georges Brassens, les jours de sa vie l'entraîneront dans un parcours que Jacques Vassal rapporte dans son Graeme Allwright par lui-même (Au Cherche-midi) et que Victor Macé de Lépinay délivre en cinq épisodes sur France-Culture. Deux témoignages simples et passionnants.

Une anecdote personnelle. En octobre 2018, je croise sa première épouse, Catherine Dasté, fille de Jean Dasté, petite-fille de Jacques Copeau à Pernand-Vergelesses, là où ils se sont mariés en 1959 (... je rigolais dans mon plastron quand le maire essayait d'prononcer mon nom... Les Retrouvailles). Je l'aborde, elle m'écoute lui déclarer combien les chansons de Graeme Allwright ont compté et comptent toujours dans mon panthéon personnel. Je le vois dans quelques jours, me dit-elle, je le lui rapporterai. Etonné, je précise qu'il ne me connaît pas. Cela ne fait rien, je le lui dirai. Elle semble s'amuser de ma surprise et continue : Vous savez il perd un peu la tête, la mémoire... Quand je lui rends visite, il arrive qu'il ne me reconnaisse pas. Alors je reprends doucement un extrait des pièces que l'on jouait ensemble autrefois. Il enchaîne la bonne réplique et l'on joue ainsi pendant quelques instants. Puis il s'arrête, me regarde et me dit : "Alors, Catherine, comment vas-tu ?". Je la remercie d'une telle confidence. Elle sourit. 

Puissons-nous rester éveillés malgré les sommeils et les agitations qui nous assaillent et ce, jusqu'à la secousse finale.

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thanks ! www.facebook.com/groups/graemeallwrightamourpaixjoie/
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